Origine et histoire du Noviciat des Jésuites
Le noviciat des Jésuites est un bâtiment d’Avignon, dans le Comtat Venaissin, construit à la fin du XVIe siècle pour la formation des novices de la Compagnie de Jésus. Les Jésuites, qui avaient fondé un collège à Avignon dès 1564, cherchèrent rapidement à y adjoindre un noviciat; après un fonctionnement irrégulier de 1569 à 1582, l’établissement fut pérennisé grâce à une importante donation de Louise d’Ancezune en 1589. Cette donation permit l’acquisition d’un terrain et de maisons rue des Vieilles Études, et une nouvelle libéralité autorisa la construction, à partir de 1601, d’une chapelle dessinée par le frère jésuite Étienne Martellange, consacrée le 23 mai 1611 ; Louise d’Ancezune y fut inhumée en 1620. Les bâtiments organisés autour d’une cour centrale furent engagés à l’époque de Martellange, poursuivis en 1627 par François de Royers de la Valfenière, et le chantier se prolongea jusque dans les premières décennies du siècle suivant. En 1768, lors de la troisième réunion temporaire d’Avignon à la Couronne de France, Louis XV fit expulser les Jésuites d’Avignon ; le noviciat fut racheté l’année suivante par les religieuses de Sainte‑Praxède, qui le fermèrent en 1790. De 1801 à 1850, le bâtiment servit de succursale de l’hôtel des Invalides de Paris. En 1852, il devint propriété de la ville d’Avignon à la suite d’une donation de Louis‑Napoléon Bonaparte et fut transformé en hospice civil pendant quarante ans. L’ensemble du bâtiment et le cloître sont inscrits au titre des monuments historiques depuis le 13 décembre 1950. En 1987, les lieux furent réhabilités, notamment l’aile nord, par Jean Nouvel, pour permettre l’ouverture d’un hôtel et l’organisation d’activités culturelles et touristiques.
La chapelle adopte le plan, rare et hérité de la Renaissance, d’une croix grecque surmontée d’un dôme porté par un tambour ; ce dernier émerge des bâtiments voisins et présente la particularité de Martellange, avec des ouvertures groupées deux par deux sur les diagonales plutôt qu’alignées sur les axes. Dans les écoinçons, des peintures à la détrempe en voie d’effacement représentent les quatre évangélistes et sont attribuées au jésuite Jean‑Denis Attiret (1737). La cour centrale est bordée sur trois côtés par une galerie voûtée d’arêtes, improprement appelée cloître — chez les Jésuites ni les novices ni les pères n’étaient cloîtrés — et surmontée de deux étages. L’aile nord, la plus ancienne, commencée à l’époque de Martellange et remaniée dans les années 1680, est aujourd’hui occupée par un hôtel de luxe. L’aile du couchant fut élevée à partir de 1627 par La Valfenière, qui réalise également l’escalier rampe sur rampe situé au début de l’aile du Midi, inspiré de celui du Collège. En 1685, Jean Péru remit en accord l’aile nord avec l’aile du couchant et y construisit un grand escalier dont l’emplacement reste signalé par une lanterne émergeant des toitures, pendant de celui de La Valfenière au coin de l’aile du Midi. La dernière aile construite fut celle du Midi ; la construction, arrêtée à l’escalier, fut reprise à partir de 1712 par Jean Péru, qui réédifia aussi l’aile d’entrée en l’ordonnant en hémicycle ; mort en 1723, il laissa l’achèvement à son fils Jean‑Baptiste I, qui réalisa notamment la voûte plate spectaculaire du porche d’entrée.
Le noviciat est aujourd’hui un lieu à usages multiples, principalement tourné vers le tourisme et la culture : il abrite un hôtel, accueille l’Institut supérieur des techniques du spectacle d’Avignon et reçoit expositions et spectacles, notamment dans le cadre du Festival d’Avignon. Parmi les sources consultées figurent les travaux de Paul Achard, Joseph Girard, l’ouvrage sur le Collège des jésuites (1565–1950), Alain Breton, Blandine Silvestre et le Père Marcel Chossat ; on peut également se référer à la base Mérimée et aux illustrations disponibles sur Wikimedia Commons.
